L’énurésie, c’est quoi ?

Elle se définit comme une fuite d’urine ou incontinence, intermittente, involontaire, survenant pendant le sommeil chez des enfants âgés d’au moins 5 ans. Elle est dite primaire lorsque l’enfant n’a jamais été propre la nuit plus de 6 mois consécutifs. L’impact de l’énurésie sur la vie sociale et affective de l’enfant n’est pas anodin.

L’énurésie comment ça se manifeste

L’énurésie comment ça se manifeste 67%

des cas d’énurésie sont Primaires (1)   L’enfant n’a jamais été propre la nuit plus de 6 mois consécutifs. Quand il s’agit de troubles de la miction survenant uniquement la nuit, l’Énurésie est dite Primaire Isolée ou monosymptomatique.

L’énurésie comment ça se manifeste 33%

des cas d’énurésie sont secondaires   Elle survient après une période de propreté d’au moins 6 mois. Elle apparait souvent dans un contexte de difficultés psychologiques.

L’énurésie comment ça se manifeste 46%

des énurésies sont sévères (1)   Le lit est mouillé de 3 à 7 nuits par semaine.

Une affection à prendre au sérieux

Explications du Docteur Henri Lottmann, Chirurgien urologue – Hôpital Necker – Enfants malades, Paris.

L’énurésie est une maladie, au-delà d’un certain âge. Avant l’âge de 5 ans, on ne considère pas que ce soit encore anormal, mais au-delà de l’âge de 5 ans, on considère qu’il est anormal de faire pipi au lit.

On parle soit d’une énurésie primaire quand on a jamais arrêté pendant au moins 6 mois consécutifs et sans traitement.

Soit on parle d’énurésie secondaire quand l’enfant a appris à ne pas faire pipi au lit la nuit pendant une période de plus de 6 mois, et à la suite d’un choc affectif ou d’un  traumatisme quelconque, il régresse et se remet a faire pipi au lit.

Par définition l’énurésie c’est la nuit, par contre il y a deux formes :

– Les enfants qui ne font pipi au lit que la nuit, et donc aucun problème la journée.

– Les énurésies associées à des troubles dans la journée, qui peuvent être des mictions peu fréquentes ou qui peuvent avoir des difficultés pour uriner ou des fuites urinaires. Dans ces cas là, l’énurésie nocturne n’est qu’un élément  de tout un ensemble de processus anormaux, la situation ici est plus complexe mais aussi bien plus rare que pour les enfants qui ne font pipi que au lit.

Il y a des enfants qui font pipi au lit la nuit car ils produisent trop d’urine pendant leur sommeil, c’est le problème le plus fréquent.

Soit parce qu’ils boivent trop avant de se coucher, soit parce que nous avons des mécanismes normalement qui nous font diminuer la production d’urine pendant le sommeil qui n’ont pas atteint la maturité et ne se mettent pas suffisamment en jeu quand l’enfant s’endort.

D’autres enfants ont une vessie trop petite, qui ne leur permet pas de tenir toute une nuit sans aller aux toilettes, même s’ils ne boivent pas beaucoup avant de se coucher.

Oui, l’énurésie est héréditaire, en tout cas dans les énurésies les plus fréquentes ( les primaires ) cela peut même sauter une génération.

De temps en temps cela peut être intéressant pour l’enfant de savoir que ses parents ou l’un de ses parents était énurétique, ça peut être une véritable révélation pour l’enfant.

Il faut savoir que vers l’âge de 5-7 ans, 10% des enfants font pipi au lit la nuit, ce taux baisse de 1% par an jusqu’à l’âge adulte. Malheureusement en attendant d’être guéri, l’énurésie peut entrainer une gêne très forte pour les enfants qui hésitent à aller en classe découverte, aller dormir chez les copains etc.

La gêne est relative, entre l’énurétique qui fait pipi au lit une fois par mois et pour celui qui est plus récurrent évidemment.

On sait que l’énurésie a des répercussions sur le psychisme de l’enfant qui peut avoir des difficultés à s’ouvrir aux autres, et peut se replier sur lui-même.

On va apprendre à l’enfant à faire pipi plus régulièrement dans la journée, lui apprendre à être plus à l’écoute des messages que sa vessie lui envoie et ne pas y aller à la dernière minute.

Une fois que c’est acquis, en donnant bien les bonnes habitudes, 1 enfant sur 5 est guéri. Les autres qui ne sont pas guéris, auront besoin d’un traitement mais en tout cas on a préparé le terrain et on les met dans des bonnes conditions pour la suite.

Le traitement est adapté à chaque cas. Pour celui qui produit trop d’urine, on peut prescrire des médicaments qui vont faire diminuer la production par les reins pendant la nuit par exemple.

Des causes physiologiques et psychologiques

La part physiologique

• Les reins sont deux petites passoires qui récupèrent au passage tous les déchets qui doivent être éliminés du corps, mais aussi de l’eau. En se mélangeant, l’eau et les déchets forment le pipi, qui est alors stocké dans la vessie.

• La vessie est comme un ballon élastique. Dans une situation normale, elle se remplit petit à petit, se gonfle jusqu’à devenir pleine. A ce moment, elle envoie un message au cerveau qui dit d’aller aux toilettes pour faire pipi. Même la nuit, la vessie ne se repose pas et continue de fonctionner. Quand elle est pleine, l’enfant se réveille pour se rendre aux toilettes.

Si l’enfant fait pipi au lit, c’est parce que ses reins produisent une quantité de pipi qui dépasse la capacité de remplissage de sa vessie. En effet, la vessie se remplit très vite ; même si elle envoie un signal à son cerveau pour qu’il aille aux toilettes, il n’arrive pas à se réveiller et donc fait pipi au lit.

Rechercher les apnées du sommeil qui peuvent favoriser les accidents de pipi au lit chez l’enfant.

Un trouble de l’oxygénation, une obstruction, peut être un facteur de polyurie nocturne et favoriser les accidents énurétiques. Quand un enfant énurétique est identifié comme ayant un ronflement ou autre, il doit être vu par un ORL et faire l’objet d’enregistrement du sommeil à la recherche d’apnée.

  Le rôle de la psychologie

Des études ont montré qu’il n’ y a pas plus de trouble psychique, dit primitif, chez les enfants énurétiques que chez les enfants de population du même âge.

Néanmoins, quand on identifie un trouble primitif chez un enfant qui fait pipi au lit, le plus souvent on rencontre le syndrome de « trouble déficitaire de l’attention et d’hyperactivité » (TDHA) qui doit être traité en même temps que l’énurésie.

Des causes physiologiques et psychologiques